automne2011

automne2011

jeudi 1 octobre 2009

La rupture ou le deuil de la relation(4)

Il est vrai que le deuil de la relation semble moins douloureux lorsqu'on rejette la personne complètement, même sous de faux prétextes. On s'ennuie moins (ou pas du tout) de l'autre. On ne rêve pas à renouer pour retrouver les satisfactions perdues. On arrive même parfois à se trouver « bien débarrassé ».
Pourtant, la douleur de la perte demeure réelle. Les manques ne sont pas moins vifs, ils sont seulement exclus de notre champ de conscience. Notre attention est simplement détournée vers notre colère ou vers les défauts de la personne perdue. C'est parce qu'on regarde ailleurs qu'on a l'impression de moins souffrir de la rupture, un peu comme si on allait « se changer les idées » en regardant un film captivant. La tristesse qu'on se cache en s'occupant à autre chose ne disparaît pas; elle nous rattrape dès que notre divertissement cesse de nous captiver. Ce n'est que partie remise. Mais là n'est pas le plus important. En rejetant la personne au complet, on doit rejeter tout ce qu'il y avait de satisfaisant dans notre relation avec elle, tout ce à quoi on tenait vraiment. Autrement, il nous serait impossible de croire à notre colère.
C'est donc à certains de nos besoins, ceux que cette personne comblait, que nous renonçons en niant la valeur de la personne et la douleur que nous avons en la perdant. Et notre prochaine relation sera appauvrie d'autant : il nous sera très difficile de nous investir vraiment avec une autre personne dans le domaine particulier de ces besoins que nous avons reniés. Si jamais nous parvenons à redonner de l'importance à ces besoins, ce sera avec une grande crainte et bien des précautions.

Alors, deux attitudes se présentent.
Vaut-il mieux souffrir intensément en reconnaissant la valeur de la personne qu'on a perdue et les satisfactions qu'elle nous procurait? Dans ce cas, on conserve une relation avec une personne dont les qualités ont une valeur à nos yeux, mais on conserve également la possibilité d'accorder de l'importance aux besoins qu'elle permettait de satisfaire et de s'investir avec quelqu'un d'autre pour les satisfaire à nouveau.

Est-il préférable d'éviter cette souffrance en rejetant complètement la personne et en la considérant comme exécrable? Dans cet autre cas, c'est à la personne et aux besoins qu'on finit par renoncer, en limitant d'autant notre capacité de vivre.

Aucun commentaire: