automne2011

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lundi 16 mars 2009

carême : Évangile selon Marc, chapitre 16 versets 1 à 8

1-Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d’aller embaumer Jésus.
2-Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever.
3-Elles disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre loin de l’entrée du sépulcre ?
4-Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée.
5-Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d’une robe blanche, et elles furent épouvantées.
6-Il leur dit : Ne vous épouvantez pas ; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est point ici ; voici le lieu où on l’avait mis.
7-Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée : c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit.
8-Elles sortirent du sépulcre et s’enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies ; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi.


Il s’agit de la visite des femmes au tombeau. Marc propose une version un peu particulière de la résurrection. En effet, dès le IIe siècle, la fin de l’évangile (au v.8 du chapitre 16), s’est vue augmentée d’un appendice (les versets 9-20 se trouvent parfois entre crochets dans les Bibles) qui rapporte un témoignage surprenant du premier matin de Pâques.. Les femmes qui suivaient Jésus de son vivant et qui vont maintenant au tombeau pour embaumer le corps, trouvent la pierre roulée et rencontrent un jeune homme qui les invite à dire aux disciples d’aller en Galilée retrouver Jésus qui les y précède. Mais effrayées, « elles s’enfuient, la peur et le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi.»
Marc vient juste de nous dire auparavant (15,40) qu’elles étaient au pied de la croix et regardaient de loin. De tous ceux et celles qui servaient et suivaient Jésus lorsqu’il était en Galilée, il ne reste plus qu’elles. Elles constituent les seuls témoins qui pourront établir qu’un lien existe bien entre le prédicateur, guérisseur de foules, hier crucifié et mourant sur une croix, et celui dont on constate l’absence dans le tombeau au matin de Pâques. Elles sont chargées d’attester la vérité au cœur même de la foi chrétienne (la proclamation pascale). La victoire du Christ sur la mort est donc ici soumise à la parole ou au silence de ces femmes ou plutôt au fait de dire ou de ne pas dire que l’homme que les disciples et Pierre étaient venus embaumer n’est pas là où ils le cherchaient. Le Ressuscité est en fait en Galilée où il précède et où il attend les disciples pour recommencer à prêcher, à guérir, à relire et à dire la Bonne Nouvelle de Jésus de Nazareth, mais cette fois à la lumière du tombeau vide.

Reste alors à comprendre ce verset qui clôt le récit sur la peur et le silence de ces femmes.
La peur des femmes symbolise en effet ici l’humanité qui ne comprend pas la révélation de ce Dieu qui l’appelle et qui l’invite à le suivre. Le message de Pâques pour Marc est que chacun est invité à rencontrer le Ressuscité là où il se révèle à nous, à savoir sur le chemin de son existence quotidienne. La peur n’a alors plus le dernier mot - le mot du silence -car Jésus nous précède sur ce chemin ; tout comme la parole d’espérance du jeune homme a précédé la peur des femmes : « Il leur dit : Ne vous épouvantez pas ; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est point ici ; voici le lieu où on l’avait mis.Mais allez dire à ses disciples et à Pierre : il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit. »
Le mystère de la résurrection du Christ serait pour Marc que tout ne se termine pas sur la peur et le silence mais qu’une autre page, encore blanche, reste à écrire. Pour que la vie soit possible, il faut qu’il y ait de l’inachevé, de l’imprévu. Il ne faut pas que tout soit écrit à l’avance, qu’il n’y ait pas de destin mais seulement un possible. C’est cela la résurrection : la possibilité offerte à chacun de s’engouffrer dans cette brèche de vie et de nous permettre de nous ouvrir sur l’inattendu.

Mais, le rendu du témoignage au Ressuscité se termine par l’impasse du silence des femmes chez Marc. Marc alors apporte une réponse avec le premier témoin de la résurrection : le « jeune homme » à l’intérieur du tombeau. On se rappellera que durant la nuit pascale, les nouveaux baptisés se dépouillaient de leur vêtement pour s’immerger nus dans l’eau symbolisant le passage de la mort à la vie. Au sortir de l’eau, ils revêtaient de nouveaux vêtements, blancs, symboles de la vie nouvelle et de leur participation à la gloire du Ressuscité. Il n’est alors pas anodin que le jeune homme nu se retrouve à l’intérieur du tombeau revêtu de blanc au matin de Pâques. Il est donc le symbole de l’expérience de la foi : c’est en passant par l’épreuve de la fuite (une forme de mort à lui-même) que le jeune homme peut devenir témoin de la vie nouvelle offerte par le Crucifié désormais vainqueur de la mort.

Le parcours du jeune homme offrirait, de façon anticipée, une issue possible au silence et à la peur des femmes : elles seraient elles aussi en train de passer par la mort qui débouchera peut-être sur une prise de parole possible. Mais c’est à chacun de vivre cette expérience où la vie l’emporte sur la mort, l’espérance sur la peur et qu’elle pourrait être aussi le début d’un nouveau cycle.

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