automne2011

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mardi 6 avril 2010

Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll à Tim Burton


1-Lewis Carroll
Né le 27 janvier 1832 dans le Cheshire est mort le 14 janvier 1898, victime de la bière et de la drogue, Charles Lutwidge Dodgson, de son pseudonyme le plus connu Lewis Carroll. Cet auteur, élevé dans une fratrie de onze enfants, dont le bégayement lui valut des années de psychanalyse, avait un esprit obsédé par le thème du renversement des choses. Passé par créateur de revues familiales dans son enfance, professeur de mathématiques en 1855, ennuyant et ennuyé par le comportement sérieux des adultes de l’école, expert en photographie (trois milles clichés) entre-temps en 1856, il finit auteur de poèmes par le biais d’études littéraires.
Ce fut le 4 juillet 1862, « au cœur d’un été tout en or » tel qu’il l’a décrit, lors d’une promenade en canot sur la rivière l’Isis, accompagné d’un de ses collègues, Duckworth, qui avait amené trois filles d’amis avec eux, qu’il conta un poème improvisé à une des enfants, Alice Liddell, âgée de dix ans. Passionnée par cette histoire courte de fille pénétrant dans un monde merveilleux, elle demanda à Carroll de lui écrire cette nouvelle. Celui-ci lui offrit une première version en cadeau, illustré par lui-même, puis eut l’idée de développer une nouvelle version qu’il voulait éditer. Voulant son ami Sir John Tenniel comme illustrateur de son œuvre, celle-ci parut en juillet 1865, sous le titre « Alice’s Adventures in Wonderland ». Mais les lecteurs britanniques furent dubitatifs face à ce livre et accusaient même l’auteur de pédophilie, lui-même prenant des photos de sa bien-aimée Alice en question. C’est pourquoi Lutwidge rédigea à Noël 1888 une troisième version, « Alice racontée aux petits enfants », dont les exemples seront distribués à la fin 1889 connurent un accueil amère et réservé de la part des lecteurs anglais, à son époque.
Au XIXème siècle, une personne devait se montrer d’une élégance exemplaire et d’une courtoisie immense, avec des manières raffinées tel un lord. Lewis Carroll était cet homme, intelligent, gracieux et poli. Mais telle ne fût pas la surprise de ses proches quand ils découvrirent, par le biais d’une œuvre littéraire, une personnalité secrète, cachée tout au fond de lui !
2-Alice au pays des merveilles
On peut tout d’abord voir une simple suite de scénettes n’ayant strictement rien à voir les unes sur les autres, n’apportant pas de moralité à la jeunesse en tant que livre pour enfants. Dans une deuxième lecture, on peut lire soudainement une toute autre œuvre, symbolisant les rêves, et même les peurs de l’enfance. En effet, un enfant peut tout à fait rêver d’un lapin blanc excité et ayant la capacité de parler, tout comme un procédé de nourriture et de boisson faisant rétrécir ou grandir, qui peut se traduire par la peur naturelle d’un jeunot de huit ans de passer à l’âge adulte et donc de grandir trop vite.
L’œuvre de Carroll est en fait une étude sur la psychologie des enfants, leur perception du monde qui les entoure ou bien, tout simplement, leurs pensées intimes. Alice découvre que le Pays des merveilles est son rêve, et donc son imaginaire, fait d’animaux parlants, de chapeliers mabouls et de reines assoiffées de décapitations en série. Les rêves d’enfants sont montrés dans cette histoire comme extraordinaires mais aussi comme cruels, car la jeune héroïne ne tarde pas à se perdre dans son univers personnel. Un autre symbole apparaît alors : celui du mal-être d’un enfant, puisque la jeune fille s’égare dans son propre subconscient et donc, ne se comprend pas soi-même.
L’un des points marquants de ce roman est ses personnages qui ont une toute autre direction narrative, car ils n’ont aucune catégorie littéraire. L’auteur met en scène un monde non peuplé de gentils et de méchants, mais simplement de fous non-moralistes qui ne s’occupent même pas du sort des autres. Une galerie de protagonistes certes peu recommandables mais, pourtant, s’avérant tous complexes et intéressants de par leur folie sans limite. Ce qui est aussi savoureux, c’est de constater que toutes ces personnes sont des caricatures de l’époque victorienne. Pour ne citer que les personnages les plus mémorables, le lapin blanc stressé par le temps qui est la représentation des ouvriers ou travailleurs de l’époque dont leur vie est brisée par la présence excessive du travail ; le chapelier complètement illogique et d’une impertinence totale, qui ne jure que par le thé et par une devinette incongrue, illustration comique du bourgeois arrogant et prétentieux ; la reine qui cache une obsession saugrenue des décapitations en affichant des cœurs à la saveur amère.
Dénué de repères, le récit propose néanmoins un fil conducteur pour la jeune fillette, le Chat du-comté-de-Chester, où de son nom le plus populaire, le chat du Cheshire. Ce gros matou est probablement le seul protagoniste du Pays des merveilles à vraiment écouter Alice, indiquant son chemin, mais il reste quand même peu fiable. Ayant la capacité de se rendre invisible selon sa volonté, il affiche un sourire aux proportions déséquilibrées, mais qui cache un autre derrière. Mystérieux, étrange et doucement barge, la conscience de cet animal extrêmement nihiliste est inconnue, puisqu’il est fidèle à la jeune fille mais l’amène cependant dans des chemins pouvant conduire à la perte de celle-ci.
Dans l’extrait de Disney ci-dessous, Alice entend une voix qui semble venir de partout à la fois, il l’embrouille quand au chemin qu’elle doit prendre et semble dépourvu de toute logique.

Mais la qualité essentielle de cette œuvre est son absurde assumé, du début jusqu’à la fin. Il réside alors une nouvelle vision du roman destiné à la jeunesse, qui propose un conte totalement déluré, en manque de repères narratifs aux lieux inconnus. Le lecteur se retrouve perdu comme l’héroïne, tout en restant fasciné de bout en bout dans cet univers qui n’est ni plus ni moins que la vision infantile d’un monde remplis de fous joyeux et de créature insolites.
Et c’est là que se révèle l’un des buts principaux de Carroll : laisser libre cours à l’imagination visuelle de chacun sur ce livre car, après tout, ce pays merveilleux n’est qu’un rêve et, donc, il touche sensiblement n’importe qui différemment.
En conclusion, Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles est une œuvre complexe qui touchera un lecteur par le côté merveilleux de ce monde, qui intéressera un autre par les trouvailles de jeux de mots humoristiques et par les notions mathématiques dissimulées ou encore qui fera découvrir à un dernier une analyse psychologique complète de l’enfance, avec ses symboles universels.
On ressort un peu désorienté de ces lectures, comme si on pouvait écrire sans sens. Lire Lewis Carroll sans connaître le culture britannique, c'est passer à côté d'un certain sens tant le jeu de mot et le jeu avec les convenances de l'époque est important. Certains passages par le biais de l'absurde contestent l'autorité arbitraire du langage. L'exemple de Humpty Dumpty (Boumbadaboum) est frappant puisqu'il donne un sens personnel aux mots ("gloire"). La logique est mise à rudes épreuves!
"Humpty Dumpty sat on a wall, Humpty Dumpty had a great fall. All the king's horses and all the kings men couldn't put Humpty together again"
On peut imaginer qu'il s'agisse d'une forme de contestation du vide des convenances victoriennes ou d’une mise en lumière du choix inconscient des mots que l’on utilise qui éclairent le monde perçu.
Plus qu’un classique, c’est un nouveau genre littéraire inventé de toutes pièces, basé entièrement sur l’absurde et défiant complètement les lois de la logique, avec ses jeux de mots inconnus, ses repères oubliés et ses personnages à caractère indéfini.

3-De l’autre côté du Miroir et ce qu’Alice y trouva : deuxième voyage vers l’imagination inversée

C’est en 1871 que Lewis Carroll met la jeune Alice en péril dans son imagination débordante de bizarreries malicieuses. Suite moins connue du public, De l’autre côté du Miroir suit la même folie que son frère, inversant le monde, comme les lois de l’apesanteur, et conserve le système de double lecture, tout en gardant des personnages fous, avec cependant plus de repères (la Reine Blanche gentille et la Reine rouge méchante) que le premier.
Le deuxième livre est avant tout une métaphore littéraire du jeu d’échec, une activité faisant appel à la logique, avec les deux reines, leur armée, le chevalier, avec quelques différences près, l’absurde étant encore présent dans cette œuvre-là.

4-Le film de Tim Burton
Pour mieux comprendre le film de Tim Burton, il faut lire Alice au pays des merveilles et Alice à travers le miroir de Lewis Carroll. Alice n'est quasiment pas montrée enfant, c'est une jeune fille de la bonne société victorienne. Elle est demandée en mariage par un lord rouquin, maladif et prétentieux. Est-ce pour échapper à cette situation qu'elle s'enfuit à la poursuite d'un lapin blanc ?
Elle arrive alors au fameux pays des merveilles. Là, on y retrouve quelques clins d'œil au dessin animé. Elle y est attendue comme le messie pour détrôner la reine rouge et rendre le pouvoir à la reine blanche. Elle rencontre bien entendu le chapelier toqué qui l'accompagne tout au long de sa quête.
La découverte c’était Mia Wasikowska en Alice. Et une bonne surprise, je l’ai trouvé attachante dans son rôle. Son seul « défaut » vient du traitement du personnage. En effet, j’ai trouvé Alice trop en retrait, trop spectatrice des événements et de la ménagerie qui défile devant ses yeux mais précisément, c’est peut-être pour nous inciter à comprendre que l’introspection est un chemin difficile qui demande détachement.

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