automne2011

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dimanche 1 février 2009

le personnage de Marilyn Manson : la création artistique et l'irressemblance

La figure du personnage de Marilyn Manson est forte car elle incarne la symbolique du ratage et de la malédiction qui réfère à la situation et à la condition même de la chanson dans l’univers de ce songwriter : elle se conçoit et se développe sur le fantasme d’une impossibilité à pleinement exister comme si il était devenu le personnage par excellence du mal du siècle (surtout depuis Colombine). Après s’être réinventer en Omega, le personnage ne peut être que malheureux et sa gloire est à la hauteur des maux qu’il porte et qui sont l’expression d’une vérité dégradée dans le reste du monde social. Son suicide en tant que Brian Warner signifie moins un abandon ou un renoncement qu’un acte de résistance.

C’est un jeu d’écriture, aux règles parfois brouillées, parfois éclairées grâce aux interviews, parfois changeantes auquel s’abandonne Brian Warner alias Marilyn Manson. Au cœur même du mixage de noms qu’il a bien longtemps décidé d'adopter un nouveau patronyme était de marquer un changement majeur entre celui qu’il était et celui qu’il voulait devenir.
Au cœur même de l’écriture de MM, il y a le plaisir de se créer des doubles qui lui ressemblent sans lui ressembler. Libéré de la fiction d’un « je » qui exprimerait une identité sûre de ses frontières et de ses assises, le sujet peut même s’éparpiller entre le « je », le « tu » et le « nous » entraînant l’auditeur dans une polyphonie indécise. Et l’histoire est toujours en cours..Il invente une manière de jouer sur l’éclatement du sujet en plusieurs personnages -le personnage androgyne d’Omega pour l’album « MECANIMAL ANIMALS» (dont le logo est un mélange de la dernière lettre de l'alphabet grecque omega et du visage de Marilyn Manson. Quinze touches de clavier sont présentés sur son front pour signifier que les "animaux mécaniques" sont automatisés et dépourvus d'âmes), l’image soignée où l'ambiguité sexuelle deu personnage de Christina ou du personnage de « Long Hard road out of hell » ou encore le dandy gothique de l’album « Golden Age of Grotesque – qui désignent le détour par l’altérité comme la voie paradoxale d’un songwriter en quête d’identité. Au coeur même du processus de création artistique de MM, il y a le plaisir de se créer des doubles qui lui ressemblent sans véritablement lui ressembler.Il s’agit moins pour le songwriter d’interroger des données autobiographiques que de fouiller les strates de l’inconscient singulier qui dialogue avec l’inconscient collectif puisque le « je » assume de multiples travestissements mythiques qui commencent dès le 1ere album sorti en 1994 « PORTRAIT OF AN AMERICAN FAMILY » où il dénonçait l'Amérique du talk-show qui, à force d'être propre sur soi, passe son temps à blablater plutôt qu'agir. Il y montre un songwriter obsédé par la manière dont les mômes grandissent, ce qui y est présenté se trouve beaucoup plus chargé de sens que ce que les parents pensent, du style Willy Wonka ou les frères Grimm. Ce qu’il choisit alors de montrer du doigt, c'est que les parents cachent la vérité et cela faisait davantage de dégâts que de montrer d'entrée de jeu Marilyn Manson.
Encore des détours : par la photographie, par les images video des clips pour l’ambiguité d’une figuration de soi qui passe par un objectif engage cependant la même irressemblance puisqu’il s’agit du même trouble lié à toute image de soi que ce soit dans l’image de la photographie ou de la chanson !
Enfin, Marilyn Manson est en relation avec l'immortalité tant par ses chansons que par le personnage qu’il s’est crée. Il est en cela a vraiment en rapport avec le concept initial du vampirisme, sans rapport avec les capes, les chauves-souris, etc. mais avec ce thème qui a d'ailleurs un lien avec le Christ, cet homme qui revient d'entre les morts -ça, c'est une vraie histoire de vampires !-

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