automne2011

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samedi 24 janvier 2009

histoire : du strip tease aux performances burlesques

L’exhibition en musique est une trouvaille du théâtre burlesque de Broadway du New York de 1861.Le goût orientaliste du début du XXe y ajoute la danse du ventre.L’abandon progressif des saynètes et des figurants qui lui servent l’alibi –dites « scènes du genre »- en font ensuite un spectacle à part entière exclusivement voué à magnifier la puissance érotique du corps féminin.Le strip-tease est l'art de l'excitation (le "strip") et de la frustration masculine (le "tease"). Si la représentation du strip-tease semble simple, le scénario basique et la finalité sans surprise, l'étude de son développement au cours du siècle dernier révèle un spectacle aux multiples facettes, généralement méconnu. Confronté à la censure depuis ses origines, le strip-tease est également un précieux témoin de l'évolution de nos moeurs.
Des premiers déshabillages apparus en France fin XIXe à l'avènement du New Burlesque, le strip-tease fait partie de notre culture. Je vous invite à passer de l'autre côté du rideau et à explorer cet univers..


C'est à la Belle Epoque que le strip-tease - entendre : à titre public - est né. L'effeuillage de ces dames faisait déjà tourner la tête des mâles, créant une demande inédite. La France de la Belle Epoque voit les mondains se bousculer au Divan Japonais, aux Folies Bergères, à l'Olympia et autres cabarets pour assister à un nouveau type de spectacle : l'effeuillage. Les spectacles de music-hall marient clowns, charmeurs de serpents, tableaux vivants, girls dans des numéros qui imitent le quotidien (le bain, la mariée, …) ou se rapprochent du cirque par l’usage de trapèzes. Le public s’enthousiasme pour ces saynètes jouées par des personnalités telles que "la belle Otero", ou Colette, qui, avant d’écrire des romans se déshabillait sur les scènes parisiennes.
En traversant l’Atlantique, cette nouvelle mode se transforme et devient un type de spectacle typiquement américain, le "Burlesque", un théâtre sans prétention et pas cher,divertissement grand public. Le "Burlesque", n'a pour seul but que de faire rire ou d'émouvoir. Les shows des filles, qu'on appelle bientôt "strip-tease" alternent avec des numéros comiques. Buster Keaton, WC Fields ou Mae West y font leurs gammes. Le terme "strip-tease" fut introduit par les frères Minsky à New York. Les Minsky étaient des russes émigrés à Brooklyn dans les années 20, inspirés par le Moulin Rouge et Pigalle, ce sont eux qui ont amené les grands shows de Paris à New York. C'est ainsi qu'est né le "Burlesque", Le Burlesque devait s'adresser aux plus humbles. C'est pour cela qu'il n'y avait pas d'histoire, mais des scénarios simplissimes. "Une belle fille qui se déshabille, où qu'on soit, c'est le meilleur dénominateur commun !" explique Dixie Evans.

Les années 50 intègre le strip-tease dans la culture populaire, il fait partie du "rêve américain". Le strip-tease est, plus qu'un métier, une vocation. Cette génération de strip-teaseuses donne naissance à des superstars, comme Lili Saint-Cyr, qu'on surnommait "la beauté absolue", Blaze Starr (dont "Blaze", avec Paul Newman en 89, reprend les tumultueuses amours), Lily Christine "la Femme-Chat" ou Tempest Storm, alias "The Torso" ("Le Buste"), Jenny Lee, la reine incontestée de la Tassel Danse (rotation en sens inverse de chaque sein, Bettie Page, Dixie Evans la "Marilyn Monroe du Burlesque". Chaque star à Hollywood avait son sosie. Anita Ekberg avait sa version "hot", comme Jane Russell et même Jackie Kennedy. Age d'or de courte durée, montré du doigt par les ligues de vertu,le burlesque se déplace vers les night-clubs et les "strip joints", et perd tout son enrobage, Los Angeles ou Boston ne tardent pas à le proscrire, et les plaintes pour obscénité se multiplient jusqu’en 1955 où un sénateur maccarthiste déclarera que "le strip-tease est un art purement américain et une noble institution". Les clubs de strip rouvrent, se concurrençant sans pitié dans le registre du " toujours plus".
1951 : le strip-tease retraverse l’Atlantique, de retour en France il dédaigne les excès outranciers de son homologue américain, il trouve place dans les clubs créés pour lui, comme le Lido, le Crazy Horse Saloon ou le Casino de Paris. L’humour s’y fait plus présent (des humo- ristes comme Raymond Devos ou Fernand Raynaud interviennent entre les numéros au Crazy Horse), le strip parodie ses propres modèles et ses excès. Il sera officiellement considéré comme un art en 1955, date à laquelle ouvrira également à Paris une Académie du strip-tease. On se précipite dans les cabarets voir des jeunes femmes se déshabiller avec art, comme Rita Renoir, l'impératrice du strip français, Miss Candida, élue stripper de l'année 1955 par l'académie du strip-tease, Dodo d'hambourg et son numéro de veuve joyeuse...

Les années 70, avec la libération sexuelle, verront la multiplication effrénée des exhibitions qui se passent désormais de l’alibi du spectacle. Le corps nu est naturel, et des bars « topless » ou « bottomless », où toutes les filles, des serveuses aux groupes sur scène, se produisent à demi-nues ouvrent. Face à cette concurrence, les strip-teaseuses et leurs nouvelles consœurs que sont les go-go girls cèdent peu à peu aux charmes de la chirurgie esthétique, entamant la course au « toujours plus » dans le volume mammaire. Dès lors, les principales figures du strip-tease sont fermement en place et ne changeront guère jusqu’à nos jours, si ce n’est pour quelques évolutions de mise en scène, comme la très populaire lap-dance, nouvel avatar du « toujours plus » de contact, cette fois-ci.

Actuellement, pourtant, un renouveau du genre semble venir des Etats-Unis, où la new-burlesque marie le glamour des années 40 où les spectacles, autour du strip-tease, proposent des mises en scène et un éclairage bien plus travaillés que le triste spectacle auquel on nous avait habitué jusqu’alors. Des artistes, seuls ou en groupe redécouvrent l’art du burlesque et se souvenant de ses racines populaires -où l’accent est mis sur la suggestion et non sur la nudité- devient « dévêtement progressif d'une dame dont la savante lenteur excite indéniablement les sens ». Il faut dire qu’"à trop parler de sexe, peut-être a-t-on occulté l'essentiel: le désir, ce mystérieux frisson qui parcourt l'échine et réveille les fantasmes enfouis. Comment, alors, rallumer la flamme? " (extrait : L'Express du 06/11/2003). C’est pourquoi, un nouveau genre de danceuses burlesque le fait pour l’amour de jouer, d’être sur scène et de s’exprimer parce qu'il vaut mieux se laisser deviner que de tout dévoile.C’est à mi-chemin entre une représentation classique et des variétés style Las Vegas, épicé d’ironie postmoderne . Dita Von Teese, la "Queen of Burlesque", met sur le devant de la scène le strip tease dans de longs spectacles de danse très visuels inspirés des années 1930 et 1940 et élaborés à partir de comédies musicales et de films.

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